Cinq façons dont nos pensées peuvent rendre la perte de poids plus difficile

Madeleine Ortiz

« Paresse », « manque de volonté » et « absence de motivation » sont des mots et des expressions parfois utilisés pour décrire les personnes souffrant d’obésité ou d’excès de poids. Cependant, les personnes qui profèrent fréquemment ces insultes ne sont pas des médecins ni même des trolls anonymes sur Internet. Les intimidateurs sont souvent des personnes qui vivent elles-mêmes avec l’obésité et l’excès de poids.

Selon les Lignes directrices canadiennes de pratique clinique pour les adultes en matière d’obésité, les préjugés internalisés des personnes ou les attitudes négatives à l’égard de leur propre poids sont le type de préjugé le plus courant. En effet, plus de la moitié des personnes vivant avec l’obésité estiment qu’elles méritent d’être perçues de façon négative par les autres et de recevoir un traitement médiocre. Les auteurs des Lignes directrices préviennent que ce genre d’« amour coriace » (tough love) est dangereux et peut avoir un impact négatif sur notre poids plus que sur ce que nous mangeons ou sur notre façon de bouger.

Voici cinq raisons pour lesquelles les monologues intérieurs négatifs sont dévastateurs pour la santé et ce que les Lignes directrices suggèrent de faire à la place.

1. Un dialogue intérieur négatif mène souvent à une frénésie alimentaire.

La frénésie alimentaire (ou orgie alimentaire) consiste à consommer de grandes quantités de nourriture sans avoir l’impression d’être capable de s’arrêter, même si vous vous sentez rassasié(e). Cela peut se produire lorsque vous vous sentez stressé(e) et dépassé(e), lorsque vous mangez sans réfléchir devant la télévision ou même lorsque vous vous y attendez le moins. Elle entraîne souvent des sentiments de perte de contrôle, de gêne, de culpabilité et de honte. Et pour beaucoup de gens, la réaction par défaut à ces sentiments est un monologue intérieur négatif. La mauvaise nouvelle, c’est que le fait de s’en vouloir de trop manger ou toute expérience de régime alimentaire « hors norme » sont étroitement liés à la frénésie alimentaire et à d’autres comportements malsains. Les Lignes directrices indiquent que c’est parce que le monologue intérieur négatif empêche l’apprentissage.

Au lieu d’être dur(e) avec vous-même après un recul ou une rechute, les experts de l’obésité recommandent de réfléchir à la situation. Abordez les incidents de frénésie alimentaire ou de consommation excessive comme un détective. Sans porter de jugement, pensez à ce que vous ressentiez avant de commencer à manger et à ce qui vous a fait ressentir cela. Prenez note de ce que vous avez ressenti par la suite et réfléchissez à des stratégies pour éviter d’utiliser la nourriture comme outil d’adaptation la prochaine fois que vous vous retrouverez dans une situation semblable. Un journal alimentaire est un outil formidable pour vous aider à prendre ces notes et à faire ces observations. Remplacer la punition par l’apprentissage est un excellent moyen d’évoluer et de faire des choix plus sains à l’avenir.

2. Les personnes souffrant de dépression et d’anxiété sont 2,5 fois plus susceptibles de souffrir d’obésité.

Lorsque vous vous qualifiez constamment de paresseux ou de raté, cela ne vous donne pas la « poussée dans la bonne direction » que vous espérez. Les Lignes directrices sur l’obésité indiquent plutôt que la rafale constante de mots rudes envers soi-même entraînera probablement des résultats négatifs pour la santé mentale, comme le stress chronique, l’anxiété et la dépression. L’un des principaux effets secondaires de faire face à ces problèmes est la prise de poids (qui à son tour peut en fait mener à un préjugé plus internalisé concernant le poids), créant ainsi un cycle malsain difficile à rompre.

Nombreux sont ceux pour qui le meilleur moyen de lutter contre la dépression, l’anxiété et d’autres formes de détresse mentale est de demander l’aide d’un thérapeute, d’un conseiller ou d’un autre professionnel de la santé. Un professionnel de la santé peut vous aider à « identifier les mensonges » dans vos schèmes de pensée, vous présenter des outils éprouvés comme la TCC et la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) et parfois même vous prescrire des médicaments qui peuvent vous aider à retrouver un meilleur état d’esprit. En effet, lorsque votre état d’esprit commence à changer, il devient en fait plus facile et plus réalisable d’atteindre un poids plus sain. Tout le monde y gagne.

3. Les préjugés internalisés concernant le poids peuvent vous dissuader d’adopter des comportements sains.

Lorsque vous vivez avec des préjugés internalisés concernant le poids, il est probable que vous ne vous sentez pas à votre place ou que vous pensez n’avoir aucune valeur. En outre, lorsqu’il s’agit d’habitudes saines, les préjugés internalisés liés au poids peuvent vous faire dire des choses comme « à quoi bon? » ou « ça ne marchera jamais pour moi ». D’après les Lignes directrices sur l’obésité, avoir de telles pensées peut vous empêcher de faire des choses comme manger de manière nutritive, faire de l’exercice (particulièrement en public) ou chercher du soutien. Lorsque vous vous sentez mal à l’aise ou que vous n’avez pas de valeur, vous êtes moins susceptible d’adopter des comportements qui sont bons pour vous, affirment les auteurs des Lignes directrices. Le fait de renoncer à ces comportements sains en raison d’un préjugé internalisé concernant le poids peut entraîner une prise de poids supplémentaire et davantage de sentiments de tristesse ou d’échec. Cela peut se transformer en un schème de pensée dangereux auquel il peut être difficile d’échapper.

Aussi cliché que cela puisse paraître, « faire semblant jusqu’à ce que vous y arriviez » peut être une excellente approche lorsqu’il s’agit de préjugés internalisés liés au poids. Traitez-vous comme un(e) bon(ne) ami(e), dit le Dr Sean Wharton, l’un des auteurs des Lignes directrices.

Dites-vous que vous méritez de faire des choses comme bien manger, dépenser de l’argent pour des aliments sains ou suivre un cours d’exercice amusant. Si vous vous sentez incapable de vous convaincre que vous le méritez, demandez à un(e) ami(e) d’être votre meneur ou meneuse de claque. Si vous vous sentez en colère contre vous-même, envoyez-lui un message texte ou téléphonez-lui pour qu’il/elle vous soutienne jusqu’à ce que vous soyez prêt(e) à le faire vous-même. Cela vous aidera à vous sentir à l’aise pour créer une base d’habitudes saines. Et plus vous adopterez de comportements sains, plus il vous sera facile de tirer parti de votre succès.

4. L’autostigmatisation rend les patient(e)s moins susceptibles de recevoir des soins de santé de qualité.

Le bureau du médecin peut être un lieu intimidant pour tout le monde, mais surtout pour les personnes souffrant de surpoids et d’obésité et ce, c’est si vous parvenez à vous convaincre que vous méritez de demander l’aide d’un professionnel de la santé. Selon Obésité Canada, la plupart des personnes vivant avec un excès de poids et de l’obésité pensent que leur poids est de leur faute… et leur seule responsabilité. C’est un état d’esprit dangereux, selon les auteurs des Lignes directrices, car il empêche les gens de chercher le soutien dont ils ont besoin.

Selon les Lignes directrices, la meilleure façon de lutter contre ces fausses idées concernant votre droit à des soins de santé est de comprendre que l’obésité est une maladie complexe et chronique. Tout comme les autres maladies chroniques, ses causes sont moins liées à un choix personnel et à une responsabilité que vous ne le pensez. De nombreuses personnes souffrant d’obésité font face à des barrières génétiques, métaboliques et environnementales, en plus de celles liées au comportement. Plus vous comprendrez les données scientifiques sur les causes réelles de l’obésité, plus vous serez en mesure d’arrêter de vous blâmer et d’obtenir le soutien que vous méritez.

5. Les idées préconçues concernant le traitement peuvent entraîner le non‑respect des règles et entraver l’atteinte des résultats.

Même si vous avez décidé de demander une aide médicale pour l’obésité, votre monologue intérieur négatif et vos préjugés internalisés concernant le poids peuvent vous empêcher d’atteindre les résultats que vous recherchez. La majorité des personnes qui ont internalisé des préjugés liés au poids ont connu un traitement moins efficace. Les auteurs des Lignes directrices formulent l’hypothèse que cela est dû au fait que les personnes qui ne croient pas en elles ou en leur mérite d’avoir une bonne santé ont moins de chances de se conformer au traitement. De plus, même celles qui se conforment au traitement sont plus susceptibles de se blâmer et de ne jamais demander un rendez-vous de suivi si un traitement ne fonctionne pas.

Une chose que tout le monde doit comprendre à propos de l’obésité est que, comme pour beaucoup d’autres maladies chroniques, le traitement sera différent pour chaque personne. Plusieurs auront besoin d’une combinaison d’outils et de traitements et de quelques séries d’essais et d’erreurs avant de voir des résultats significatifs ou à long terme. Il est important de mettre de côté la culpabilité ou l’orgueil pendant le processus de traitement et de parler avec votre médecin des obstacles que vous rencontrez ou que vous craignez.

Oui, vous détenez la clé pour atteindre un poids plus sain, mais pas de la manière dont vous (et une grande partie de la société) pensez le faire. La gestion de l’obésité suppose reconnaître vos propres distorsions de pensée et vos préjugés internalisés, puis faire le difficile travail de vous renseigner sur la science de l’obésité, de transformer vos schèmes de pensée et de pratiquer la compassion envers vous-même. Ce n’est qu’alors que vous pourrez mettre fin à l’autosabotage et rechercher le traitement qui existe…. et que vous méritez.

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