Utile ou stigmatisant? Cinq choses que tout le monde devrait savoir sur l’IMC

Madeleine Ortiz

L’IMC, ou indice de masse corporelle, a été inventé il y a près de 200 ans et, bien qu’il puisse encore être un outil précieux pour établir un premier diagnostic de l’obésité, il n’est pas sans défaut. Voici quelques éléments à prendre en compte en ce qui concerne l’IMC et votre santé.

1. L’IMC n’est pas une mesure du gras corporel.   

L’IMC ne peut que vous donner un rapport entre le poids et la taille, mais il ne peut pas vous dire quelle proportion de ce rapport est composée de gras corporel. Et lorsqu’il s’agit de risques pour la santé, le pourcentage de gras corporel est bien plus révélateur qu’un chiffre sur la balance. Les meilleurs tests de mesure du gras corporel sont la pesée hydrostatique et l’adipomètre. Si votre médecin vous classe dans la catégorie des personnes en surpoids ou obèses sur la base de votre IMC, il peut être plus utile d’obtenir des informations supplémentaires sur le taux de gras corporel au moyen de l’un de ces tests pour assurer le suivi des améliorations de votre santé à long terme.

2. Il ne permet pas de prédire le risque cardiovasculaire.

Selon les Lignes directrices canadiennes sur l’obésité, de nombreux rapports ont documenté un sous-groupe de personnes vivant avec l’obésité « métaboliquement en santé », caractérisé par l’absence de toute preuve objective d’un risque cardiométabolique accru malgré un IMC élevé. En termes plus simples, ce n’est pas parce que votre IMC vous place dans la catégorie des personnes en surpoids ou obèses que vous êtes automatiquement exposé·e à un risque de maladie cardiovasculaire ou de crise cardiaque. Si vous faites partie de la catégorie des personnes en surpoids ou vivant avec l’obésité, mais que vous mangez bien, faites de l’exercice et vous sentez en bonne santé, demandez à votre médecin de vous faire passer d’autres tests de dépistage (tels que la mesure de la pression artérielle et les analyses sanguines pour le cholestérol et les triglycérides) qui peuvent être de meilleurs indicateurs de risques et de la santé globale.

3. Il ne prend pas en compte la répartition des graisses.

L’excès de tissu adipeux, en particulier autour de la région abdominale, est un indicateur clé pour le diagnostic de l’obésité, mais l’IMC ne tient pas compte de la répartition des graisses. En d’autres termes, bien qu’il puisse donner une idée générale d’un rapport poids/taille « sain », il ne peut pas indiquer si le poids du corps d’une personne est dangereusement concentré autour de la taille ou s’il est réparti plus uniformément, ce qui indique généralement que la personne est plus métaboliquement en santé. C’est pourquoi il est important que les professionnels de la santé utilisent l’IMC en combinaison avec des mesures corporelles qui peuvent donner aux patientes et aux professionnelles une meilleure idée de la répartition des graisses et des risques associés.

4. Il ne peut prendre en compte la masse musculaire.

Les avantages de la musculature peuvent sembler pratiquement illimités. L’augmentation de la masse musculaire peut contribuer à accroître le métabolisme, à améliorer la densité osseuse et même à maintenir la perte de poids, entre autres avantages. Le tissu musculaire est également plus dense que le tissu adipeux, ce qui signifie qu’il prend moins de place par kg. Les personnes ayant une masse musculaire importante pèsent souvent plus que celles ayant une masse musculaire moyenne ou inférieure à la moyenne. Ce surplus de muscles peut parfois fausser l’IMC et le rendre supérieur à ce qui pourrait être considéré comme « sain ». Si votre médecin veut vous diagnostiquer comme étant en surpoids ou obèse et que vous avez l’impression qu’une masse musculaire supérieure à la moyenne pourrait en être la cause, demandez un test permettant de mesurer spécifiquement votre composition corporelle. Cela peut contribuer à dissiper toute confusion et/ou inquiétude inutile.

5. Il ne fait pas de distinction entre les hommes, les femmes et les ethnies.

Aucun médecin ne niera jamais les différences biologiques entre les hommes et les femmes, mais ni les calculs de l’IMC ni les catégories qui classent une personne comme « en surpoids » ou « obèse » ne font de distinction entre les sexes, les ethnies ou les populations particulières. Cela conduit parfois à ce que les femmes soient diagnostiquées obèses plus souvent que les hommes ou à ce que des populations précises soient sous-diagnostiquées. Si vous faites partie de l’une des catégories de « populations particulières » d’Obésité Canada (personnes âgées, très musclées, extrêmement grandes ou petites), vous devez être particulièrement prudent·e et ne pas prendre l’IMC pour argent comptant. Si votre diagnostic vous semble trop simple ou tout simplement faux, n’hésitez pas à demander à votre médecin de vous faire passer les examens et les tests supplémentaires mentionnés ci-dessus.

 

Les Lignes directrices canadiennes sur l’obésité indiquent clairement que malgré les inconvénients de l’IMC, sa simplicité, son objectivité et sa reproductibilité en font une mesure de dépistage efficace et efficiente qui peut aider à identifier les personnes susceptibles de bénéficier d’une prise en charge de l’obésité. Il ne devrait jamais être le seul moyen d’établir un diagnostic, mais plutôt être utilisé comme un élément d’un tableau plus large. Et pour ceux qui ont déjà reçu un diagnostic de surpoids ou d’obésité, la réduction de l’IMC ne doit pas être le point central de votre parcours de perte de poids. Votre objectif et celui de votre professionnel de la santé devraient plutôt être de trouver la cause profonde de la prise de poids, d’identifier les obstacles à la réussite et de mettre en place des changements pour un mode de vie sain et un plan de traitement personnalisé.

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