Lorsque la Dre Tasneem Sajwani parle de ses patient(e)s et de leurs difficultés à gérer leur poids, elle a souvent tendance à dire « nous », car elle a elle-même eu des difficultés avec son poids toute sa vie et connaît les défis de première main.
« Je crois que j’ai suivi ma première diète à l’âge de trois ans », se rappelle en riant la Dre Sajwani, spécialiste du traitement de l’obésité à Edmonton. Alors qu’elle n’était qu’une jeune enfant, le pédiatre a dit à ses parents qu’elle était en surpoids et leur a recommandé de supprimer de ses repas les aliments riches en matières grasses comme les fromages et autres produits laitiers, ce qui l’a effectivement mise sur la voie d’une diète pour la vie. « C’est ce que l’on connaissait à l’époque, ou plutôt ce que l’on ne connaissait pas », dit-elle. « Et cela n’a pas changé de façon si radicale en cours de route jusqu’à très récemment. »
Elle peut compatir avec les patient(e)s à qui l’on a dit qu’ils devaient réduire les calories et faire plus d’exercice pour perdre leurs kilos superflus. Elle dit s’être fait répéter la même chose par les médecins, l’industrie des diètes et la société en général. Même les études de médecine n’ont pas vraiment apporté de nouvelles idées sur la gestion du poids.
Au cours des quatre dernières années, la Dre Sajwani a ajouté à sa pratique une spécialisation dans le traitement de l’excès de poids. Elle a entrepris un voyage de découverte professionnel et personnel en acquérant de nouvelles connaissances sur la science émergente concernant l’obésité.
Les recherches menées au cours des deux dernières décennies ont mis en lumière l’interconnexion complexe entre l’alimentation et la façon dont notre corps régule le poids. Il existe toute une série de processus neurohormonaux qui peuvent puissamment contrecarrer les mesures directes que nous prenons pour perdre du poids en réduisant notre alimentation et en faisant plus d’exercice. Les recherches les plus récentes ont commencé à percer le mystère de la raison pour laquelle il est si difficile de perdre ses kilos superflus et de maintenir son poids.
À l’heure actuelle, le défi de la Dre Sajwani consiste à transmettre ces nouvelles connaissances passionnantes à ses patient(e)s et à la collectivité en général. La Dre Sajwani s’attaque aux idées reçues sur la perte de poids que nous pensions tous « connaître ». Pour la Dre Sajwani et ses patient(e)s, il s’agit d’un processus qui commence lentement par la reconnaissance du fait que la planification des repas et l’exercice font effectivement partie de l’équation, mais ce n’est pas tout. L’obésité est, en fait, une maladie chronique qui doit être gérée comme toute autre maladie. Il s’agit en soi d’un concept assez nouveau. En effet, ce n’est que depuis 2015 que l’Association médicale canadienne reconnaît l’obésité comme maladie chronique.
La science est assez compliquée, mais la Dre Sajwani la décompose pour ses patient(e)s lors de visites successives. Selon elle, le simple fait de mentionner quelques-uns des centaines d’aspects de notre corps qui touchent au poids et la façon dont le corps s’y accroche « est presque comme un poids en moins », dit-elle sans ironie. C’est une découverte pour les patient(e)s, car elles/ils réalisent que ce n’est pas leur « faute » et qu’il existe des explications scientifiques aux raisons pour lesquelles elles/ils ont eu tant de difficultés à gérer leur poids.
À partir de là, la Dre Sajwani élabore avec chaque patient(e) un plan sur mesure pour l’aider à atteindre ses objectifs de perte de poids, en tenant compte de ce qui a fonctionné pour lui/elle auparavant et en décrivant les pratiques et les traitements disponibles. Au-delà de la diète et de l’exercice, il existe de nouvelles options de traitement que la Dre Sajwani peut proposer, allant de la gestion nutritionnelle et comportementale à l’orientation vers la chirurgie bariatrique, en passant par les médicaments contre l’obésité. Elle souhaite que ses patient(e)s soient pleinement informé(e)s de toutes les options dès le départ. « Je parle donc des médicaments comme d’un outil dès le premier jour, en disant : “Regardez, voici ce que nous avons dans notre boîte à outils. Nous allons essayer la gestion nutritionnelle et comportementale. Nous pouvons ou non ajouter une pharmacothérapie dès le départ”. »
La Dre Sajwani fait partie d’une avant-garde de médecins canadiens qui tentent de faire reconnaître l’obésité comme une maladie chronique dans sa province de l’Alberta, comme l’ont fait le Yukon, la Saskatchewan et l’Ontario. C’est un processus qui prend du temps, mais elle et ses collègues font des progrès constants. Cette reconnaissance peut déboucher sur le financement de la recherche et de la prévention et, surtout, sur l’élimination des préjugés liés au poids. Sa propre expérience des préjugés la motive. Elle explique qu’avant de se plonger dans la recherche, elle avait un préjugé contre son propre poids, ce qui la faisait hésiter à parler de son poids à ses patient(e)s. L’étude de la science relative à l’obésité l’a libérée de son propre jugement et lui a donné une nouvelle façon d’aborder ses patient(e)s. Elle continue de s’efforcer d’élargir cet espace de communication aussi largement que possible – dans la communauté, et au-delà.
La Dre Sajwani espère que d’ici cinq à dix ans, le traitement de l’obésité fera partie intégrante de la pratique des médecins de famille. Elle compare cela à l’évolution de la science relative au traitement de la santé mentale, qui a beaucoup progressé depuis les années 1970. À l’époque, lorsque les patients se présentaient avec ce qu’on appellerait aujourd’hui un trouble de l’humeur, les médecins n’avaient pas grand-chose à proposer, si ce n’est de suggérer au patient de trouver un passe-temps ou de passer plus de temps en famille. Dans les années 1970, les chercheurs ont établi qu’un trouble de l’humeur est en réalité une affection biologique, neurohormonale, dont la prise en charge nécessite une approche à multiples facettes, dit-elle. « Ce n’est qu’alors que nous avons commencé à faire tant de choses au nom des troubles de la santé mentale, publicité, éducation des médecins, du public, et ce n’est qu’alors que nous avons progressé. » Le cabinet de la Dre Sajwani et son travail d’élaboration de politiques sont des signes que la prise en charge de l’obésité à l’aide de la médecine fondée sur les résultats les plus récents est déjà en train d’entrer dans les mœurs.
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